La première fois où j'ai rencontré John Kerry c'est à l'été 1984 à Boston. Je bénéficie alors du programme invité du Gouvernement américain. Le choix m'est offert pour participer à une équipe de campagne électorale : Dallas ou Boston. Nous choisissons Boston. Et ce fut un moment superbe. La découverte d'un Etat magnifique (le Massachusetts) et d'un climat de campagne électorale qui fut une fête avec un candidat motivé hyper sympathique. Des relations personnelles ont ensuite existé et existent encore avec des personnes de son équipe de campagne d'alors. Kerry c'est "l'autre Amérique". Le clivage avec les Républicains est surtout en matière de relations internationales. Pour les Républicains, surtout depuis Reagan, la doctrine est simple : qui n'est pas avec les Etats-Unis est contre les intérêts américains. C'est une conceptualisation qui repose sur le rapport de forces permanent. Et avec cette culture, un sujet tabou : reconnaître une part d'échec des Etats-Unis dans les actions passées. Pour les Démocrates et tout particulièrement pour Kerry, l'approche est à l'opposé. 1) Les Etats-Unis ont pu commettre des erreurs par le passé voire même des fautes (le Vietnam). Ces fautes doivent être reconnues publiquement. 2) Il doit y avoir place pour le contrat donc pour l'accord mutuel. C'est la reconnaissance des "intérêts partagés". Par conséquent, les Etats-Unis ne doivent pas imposer l'accord. Ils doivent rechercher les termes de l'accord en faisant parfois des pas pour le permettre. 3) Il y a une connaissance, voire même une forme reconnue d'admiration par exemple pour la culture française ou pour l'art italien. Ce qui change significativement des profils de bon nombre des élus Républicains. Obama avait épousé cette mentalité. Biden aussi à cette époque. Ce sera désormais un test majeur de la présidence Biden que de voir s'il remet les Etats-Unis dans cette logique.
Denis Bonzy