Tom Steyer, gros donateur Démocrate ancien, vient d'annoncer qu'il mettait 30 millions de dollars dans 10 Etats qu'il juge clefs pour faire basculer la majorité parlementaire en novembre 2018. Un chiffre considérable surtout quand il concerne la "mise de départ" qui connaîtra des rallonges. Jamais les campagnes électorales américaines n'ont coûté des montants aussi élevés. Si on met de côté les dépenses irréelles de Meg Whitman et de Mike Bloomberg dans leurs campagnes respectives (la première pour la conquête de la fonction de Gouverneur de Californie et le second pour la mairie de New York), le plafond classique pour un poste de Gouverneur ou pour un siège de Sénateur d'un Etat peuplé était de l'ordre de 15 millions de dollars. Un montant maintenant très largement dépassé. Gavin Newsom a annoncé dernièrement qu'il pouvait déjà compter sur un montant de 20 millions de dollars pour sa campagne 2018 en Californie. Sa campagne devrait avoisiner 25 à 30 M$ en bout de course soit un montant considérablement plus élevé que la campagne de Jerry Brown lors de sa première victoire : 15 M$. Ce qui est nouveau, c'est l'ampleur du ticket moyen pour que la campagne soit compétitive. L'efficacité marginale de la dépense électorale est faible c'est à dire le coût de l'électeur en plus est très élevé. Mais le ticket pour entrer dans la course avec des chances de la gagner est de plus en plus élevé. Il devient de l'ordre de 10 M$ pour une fonction de Gouverneur et de 5 M$ pour une fonction de parlementaire. Concrètement, une fonction de Gouverneur c'est 50 % d'une présidentielle française ! Et la moindre course parlementaire c'est 20 % d'une présidentielle française. Les conséquences de cette réalité sont doubles : d'une part, pour les candidats sans fortune personnelle, leur dépendance de plus en plus forte vis à vis des donateurs. D'autre part, l'impossibilité de candidater pour une personne qui n'a pas de fortune personnelle ou de renommée médiatique lui permettant de se signaler auprès de donateurs. Avant chaque primaire, le ticket financier prend donc une importance particulière pour simplement ... candidater. Pourquoi cette réalité ? Pour l'essentiel, parce que l'opinion publique s'éloigne de la politique. Donc pour l'impliquer, il faut aller "la chercher" sur ses supports de réseaux sociaux ou TV. Ce sont ces deux moyens qui font exploser les dépenses électorales. Les publicités commerciales sur les TV explosent : le nombre des passages comme le nombre des thèmes ciblés abordés. Sur les réseau sociaux, les passages sponsorisés se multiplient sur tous les supports : Facebook, Twitter, Instagram ... En plus, chacun de ces supports fait appel à une création artistique visuelle de plus en plus élaborée donc onéreuse. C'est une spirale infernale qui est engagée. Impossible de prévoir jusqu'où elle peut monter au rythme actuel.
C'est ahurissant. La hauteur des tickets d'entrée devient stratosphérique. Serait ce encore là l'expression d'une bulle financière de niche ? Aux Etats-Unis, les hommes et femmes politiques semblent constituer une classe d'actifs survalorisés. Le vocabulaire financier convient très bien pour décrire la vie politique américaine.
Il en est de même pour le sport ( Jeux Olympiques, Coupe du Monde de Football, droits audiovisuels...).
Il n' y a plus de différences de comportement avec les marchés des matières premières ou de l'immobilier.
Ainsi, nous avons le sentiment que tout peut devenir déconnecté de l'état d'une économie réelle et raisonnée. L' effet "bitcoin" remplit tous les espaces.
Rédigé par : Jean-Renaud Leborgne | mercredi 21 février 2018 à 18:12