
Vendredi, en annonçant l’inculpation de treize Russes pour avoir interféré dans le processus politique américain, c'est une étape importante. Les inculpés sont accusés de complot en vue de tromper les États-Unis, trois d’entre eux sont accusés également de fraude bancaire et cinq autres de vol aggravé d’identité, selon un communiqué du procureur spécial chargé de ce dossier, Robert Mueller. L’enquête n’a toutefois pas de preuve que cette campagne de propagande a eu un impact sur le résultat de l’élection, a précisé devant la presse le no 2 du ministère de la Justice, Rod Rosenstein. La campagne était dirigée depuis la Russie par l’Agence de recherche sur l’Internet (Internet Research Agency) et financée par Evgueni Prigozhin. M. Prigozhin est surnommé le « chef », car il dirige la société Concord, qui s’occupe notamment de la restauration lors des réceptions au Kremlin. Cette société, mentionnée dans l’acte d’accusation, fait déjà l’objet de sanctions américaines. L’acte d’accusation affirme que cette agence, basée à Saint-Pétersbourg, a soutenu à partir de la mi-2016 la campagne de Donald Trump, de Bernie Sanders et dénigré la campagne d'Hillary Clinton. Le groupe, « se faisant passer pour des ressortissants américains et créant de faux personnages », a administré des comptes sur les réseaux sociaux — Facebook, Twitter, YouTube et Instagram — qui « traitaient de questions politiques et sociales clivantes », comme l’immigration ou la religion. Il aurait notamment créé un faux compte du Parti républicain dans le Tennessee qui a attiré plus de 100 000 abonnés, ou de faux comptes de militants musulmans et de la cause noire. Quelques jours avant le scrutin, ces comptes avaient appelé à ne pas voter pour Hillary Clinton, alors que ces communautés étaient majoritairement favorables à la candidate démocrate.
Voilà pour l'acte d'accusation de vendredi. Mais cet acte n'apporte pas de clarification sur le sujet essentiel : y a-t-il eu collusion de l’équipe de campagne de Donald Trump avec la Russie ? Tant qu'il n'y aura pas des faits sur cette question clef, les conséquences politiques de l'enquête de Robert Mueller resteront incertaines.