Une légende entoure Karl Rove. Le Conseiller le plus proche du Président Bush est au centre d’une réputation sulfureuse mais établissant aussi une incontestable efficacité.
La réputation sulfureuse résulte d’une succession de « coups tordus » prêtés à l’intéressé. Le premier d’entre eux aurait débuté à l’âge de 20 ans quand, dans l’Illinois, Karl Rove se présente comme un supporter d’un candidat démocrate, lui dérobe du papier à en tête et transforme chacune de ses réunions publiques en annonces de fêtes avec « filles et bière gratuite » distribuées aux marginaux et aux clochards.
En réalité, Karl Rove a introduit comme règles fortes plusieurs concepts.
Le premier est celui dit du « push polling ». Il s’agit de poser des questions biaisées lors d’un sondage pour modifier les intentions de votes des électeurs. Le sondage ne porte pas seulement comme message le chiffre qui donne la photographie de l’électorat sur une question donnée mais c’est l’existence même du contenu de la question qui devient le message.
Ainsi, en 1994, il commande un sondage qui, parmi les questions, comporte la question suivante « voteriez-vous toujours pour Ann Richards pour le poste de Gouverneur du Texas en sachant que son équipe est entièrement composée de lesbiennes ? ». Il transforme le sondage d’outil quasi-scientifique en instrument d’un message au « hasard » d’une question.
Il a reproduit méthodiquement ce système lors de la présidentielle de 2000 à l’occasion de la primaire difficile contre McCain en demandant si « les électeurs voteraient pour McCain si celui-ci s’était rendu coupable de trahison durant sa guerre du Viet-Nam ».
Il reproduira le même dispositif lors de la campagne de 2004 contre Kerry au moment où celui-ci caracole en tête des sondages.
Karl Rove vient de tourner la page de la disgrâce. Il est aujourd'hui le conseiller en communication très en vogue. Ses opérations à la hache comme son sens de la simplification font fureur.
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