La victoire de Barack Obama en novembre 2008 ne se comprend pas sans intégrer l’impact de 4 personnalités en dehors du charisme du candidat et de la volonté de sanctionner GW Bush :
- le rôle décisif d’Howard Dean qui, en qualité de Chairman du Parti démocrate, a voulu moderniser ce parti pour qu’il soit une logistique performante à disposition du candidat une fois celui-ci désigné à l’issue des primaires,
- le travail d’Harold Ickes, ancien collaborateur de Bill Clinton puis représentant d’Hillary Clinton, qui a modélisé les conditions de collecte des financements pour combler l’écart traditionnel entre les moyens financiers du Parti Républicain et ceux du Parti Démocrate,
- la stratégie de communication proposée par David Axelrod qui a conçu une campagne de communication moderne «inclusive» c'est-à-dire permettant d’être appropriées par les citoyens,
- la coordination des campagnes assurée par Rahm Emanuel. Le même jour, les citoyens votent certes pour la présidentielle mais aussi pour une multitude d’élections locales dont les Sénateurs et les Représentants. Emanuel a veillé à intégrer les deux campagnes dans une logique de « deux en un » qui fut particulièrement réussie y compris dans l’union des documents lors de l’ultime ligne droite.
La crise financière née à mi septembre a troublé les plans initiaux. Elle a probablement amplifié le succès d’Obama. Mais, tout était prêt pour contrecarrer les traditionnelles offensives Républicaines des dernières heures.
La communication politique aux Etats-Unis répond à des critères significativement différents de ceux applicables en France. Les différences sont très nombreuses dont l’usage du média télévisuel sous formes de publicités positives ou négatives.
Ce support fit une entrée fracassante en 1964 lors de la campagne de Johnson. Un publicitaire, Tony Schwartz travaillant pour le compte de l’agence de publicité new-yorkaise Doyle Dane Bernbach, avait conçu le fameux spot publicitaire de la petite fille à la marguerite censé dénoncer la politique du candidat Républicain partisan de l’arme atomique. Sur ce plan, le Parti Républicain avait pris beaucoup d’avance car, ayant habituellement levé des fonds considérables, il matraquait par des vidéos clips très offensifs.
Après la puissance de ce média populaire, la nouvelle étape fut dans les années 80 la mise au point de techniques d’enquêtes d’opinions permettant de segmenter les cibles décisives pour s’adresser à chacune d’elles de façon très précise. Là aussi, jusqu’en 2008, le Parti Républicain a disposé d’une avance certaine car il avait consacré des fonds considérables à la modélisation des électorats par Etat. Richard Wirthlin a initié cette technique lors de la première campagne de Reagan en 1980. Depuis cette date, les ordinateurs Républicains étaient supposés être les plus complets et performants et de loin.
La troisième évolution majeure a résidé, également depuis le début des années 80, dans la logistique de campagne «offerte» par un parti politique pour des candidats. Là aussi, le Parti Républicain en 1984 avait innové. A cette époque, un classeur bleu nuit à onglets était remis aux candidats qui disposaient ainsi de fiches pratiques devenant un réel guide pratique quotidien du candidat.
Depuis ces dates, chacun de ces outils a gagné en qualité et en efficacité grâce aux nouvelles technologies accélérant la diffusion de l’information avec les candidats et leurs équipes.
Progressivement, à compter de 2000, les victoires du Parti Républicain ont été perçues par les responsables démocrates comme d’abord leur défaite en matière de qualité de logistique.
C’est pourquoi, dès 2005, ils ont engagé des efforts considérables en ayant pour logique de vivre les élections du mid term en 2006 comme un tour de chauffe avant le grand rendez-vous de 2008.
Ce constat explique l'actuelle "précipitation" de candidats Républicains à vivre les élections de 2010 sur le mode de celles de 2006 pour les Démocrates et ouvrir ensuite rapidement le dossier de l'organisation logistique du Parti Républicain pour la présidentielle 2012 ...